Nigeria

Publié septembre 18th, 2023 - écrit par: Kwaku Arhin-Sam

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Données de base et bref descriptif

La République fédérale du Nigéria est un pays d'Afrique de l'Ouest. Avec une population estimée à plus de 220 millions d'habitant.es en 2022, c'est le pays le plus peuplé du continent et le septième au monde.[1] Le Nigéria est la plus grande économie d'Afrique et le principal producteur de pétrole. Il exerce une influence politique et économique considérable dans la région de l'Afrique de l'Ouest. Après avoir obtenu son indépendance en 1960 de la domination coloniale britannique, le pays a été dirigé par des chefs militaires qui se sont succédés jusqu'en 1999. Après la mort du chef d'État militaire de l'époque, le général Sani Abacha, en 1998, le pays a été dirigé pendant moins d'un an par le général Abdusalami Abubakar, avant d'entrer dans une ère de régime démocratique. Il a adopté une nouvelle constitution en 1999, ouvrant la voie à un gouvernement civil et à un.e président.e qui exerce des pouvoirs exécutifs sur 36 États et un territoire de la capitale fédérale. En 2015, le pays comptait plus de cinq cents groupes ethniques et langues. Il compte plus de 90 millions de musulman.es qui résident principalement dans le Nord et environ 87 millions de chrétien.nes dans le Sud, représentant respectivement 50 % et 48 % de la population. En 2017, les Nigérian.es ont constitué le groupe le plus important d'arrivées illégalisés (18 100 migrant.es) d'Afrique de l'Ouest vers l'Europe (arrivées par mer en Italie). Malgré la guerre contre l'insurrection islamique dans le nord-est du Nigéria, qui a entraîné le déplacement de plus de 3,2 millions de personnes à l'intérieur du pays[2] et 333 411 réfugié.es[3], la plupart des Nigérian.es arrivant en Europe sont originaires du sud du Nigéria. Les raisons de la migration internationale en provenance du Nigéria peuvent être attribuées au manque de perspectives et d'opportunités, au chômage, à la négligence politique, ainsi que - bien que dans une moindre mesure - aux conflits.

Économie et gouvernement

Depuis 1999, le Nigéria est une démocratie multipartite. Son assemblée nationale se compose du Sénat (chambre haute), qui compte 109 sénateur.trices, et de la Chambre des représentant.es (chambre basse), qui compte 360 représentant.es. Les conditions de gouvernance se sont largement améliorées au cours des deux dernières décennies. En 2015, le premier transfert de pouvoir démocratique entre partis politiques a eu lieu au Nigéria lorsque l'ancien dirigeant militaire Muhammadu Buhari est devenu président. De nombreux Nigérian.es attendaient de son élection qu'elle fasse entrer le pays dans la prospérité et qu'elle réduise la corruption. Le président Buhari a été réélu en 2019 lors d'une élection entachée par un taux de participation historiquement bas, des allégations d'achat de votes omniprésentes et une violence généralisée, ce qui a renforcé les inquiétudes quant à la trajectoire démocratique du Nigéria. L'élection du 25 février 2023[4] a vu l'ancien gouverneur de Lagos, Bola Tinubu, du parti au pouvoir, le All Progressives Congress (APC), être élu président lors de l'une des élections les plus controversées et les plus contestées, à la suite du plus grand nombre d'irrégularités signalées dans les bureaux de vote. Avant les élections des gouverneurs.euses du 11 mars 2023, le paysage politique du Nigéria était dominé par l'APC au pouvoir, qui détient 217 des 360 sièges de l'Assemblée nationale et 64 des 109 sièges du Sénat, ainsi que 19 des 36 gouverneurs d'État1.

En tant que plus grande économie d'Afrique, l'économie du Nigéria est principalement basée sur le pétrole. Cependant, depuis la crise financière mondiale de 2008-09, des efforts ont été faits pour diversifier l'économie en renforçant d'autres secteurs tels que l'agriculture, les télécommunications et les services. Le Nigéria suit un modèle économique mixte, combinant des entreprises publiques et privées. Le Nigéria est équipé pour devenir une puissance économique mondiale grâce à ses énormes réserves de pétrole, à son vaste potentiel dans les secteurs de l'agriculture et des services, et à la jeunesse de sa population. L'économie du pays a été touchée par la pandémie de Covid-19 le PIB est alors passé de 448,12 milliards USD en 2019 à 432,29 (soit une baisse de 4 %) en 2020 (Banque mondiale, 2022).

Le Nigéria fait face à des défis tels que la corruption, les lacunes en matière d'infrastructures, l'insécurité et l'incapacité à diversifier l'économie en dehors des produits pétroliers, ce qui a freiné la croissance économique et le développement. En conséquence, le taux de chômage est élevé dans le pays. En 2020, le pays a enregistré un taux de chômage de 27 % (NBS, 2020).

Migration au Nigéria

Depuis des temps immémoriaux, la migration est un élément essentiel de la vie quotidienne de nombreux Nigérian.es. Elle a évolué au fil des ans, passant de l'intérieur du pays (migration interne) au franchissement des frontières du Nigéria au cours de la période coloniale et postcoloniale (migration internationale).

Un grand nombre de Nigérian.es migrent à l'intérieur du pays. Les schémas de migration interne au Nigéria se caractérisent par des migrations rurales, rurales-urbaines, urbaines-urbaines et interétatiques. En outre, les migrations forcées sous forme de déplacements internes font partie des migrations internes. Les facteurs de migration interne sont la sécurité, l'éducation, l'économie et le climat.

De nombreux.euses jeunes Nigérian.es quittent les villages et les régions reculées du pays pour s'installer dans les grandes villes (migration rurale-urbaine ou migration dans la sous-région), à la recherche d'une éducation, d'un emploi et d'autres opportunités économiques. Des villes comme Lagos, Port Harcourt, Kano et Abuja sont des destinations populaires pour ces migrant.es. D'autres capitales d'États fédéraux attirent également des migrant.es ruraux.ales-urbains qui peuvent être des migrant.es saisonnier.ières ou des habitant.es permanent.es.

Plusieurs conflits au Nigéria continuent de pousser les gens à quitter leur foyer pour s'installer dans différentes parties du pays. Par exemple, la guerre en cours entre l'armée nigériane et les militant.es de Boko Haram/Province de l'État islamique en Afrique de l'Ouest (ISWAP) dans le nord-est du pays a déplacé de nombreux Nigérian.es. Plus de 3,2 millions de personnes déplacées restent dans le pays (personnes déplacées à l'intérieur du pays). En outre, les conflits entre nomades (éleveur.euses) et agriculteurs, en particulier dans le centre-nord du Nigéria, entraînent des déplacements internes.

Par ailleurs, les migrations induites par le climat au Nigéria sont dues aux inondations, aux incendies de forêt et au manque de pluie. Les conditions climatiques extrêmes détruisent souvent les moyens de subsistance et poussent les gens à migrer (environ 24 400 personnes déplacées en raison du climat en 2021).

En outre, les migrations internationales ont augmenté depuis l'indépendance du Nigéria. Les schémas de migration internationale du Nigéria comprennent la migration irrégulière, la migration de la diaspora, l'immigration, les réfugié.es et les demandeur.euses d'asile. En outre, de nombreux.euses Nigérian.es déplacés de force (environ 333 411) sont contraints de se réfugier dans les pays voisins, à savoir le Cameroun, le Niger et le Tchad. Le Nigéria est un important pays de destination, d'origine et de transit pour les migrations internationales. Outre l'émigration (régulière, irrégulière, réfugié.es et demandeur.euses d'asile), le pays attire de nombreux immigrants aux origines, objectifs et attentes divers, qui entrent au Nigéria pour y rester ou transiter vers d'autres destinations. Une enquête sur les attitudes mondiales réalisée en 2018 indique que 45 % des Nigérian.es adultes prévoient de s'installer dans un autre pays au cours des cinq prochaines années. Le nombre de Nigérian.es vivant en dehors du Nigéria a presque triplé entre 1990 et juin 2020, passant de 447 411 (Profils de migration de l'Unicef) à 1 670 455 en juin 2020 (Département des affaires économiques et sociales des Nations unies, Division de la population), ce qui représente environ 0,8 % de la population du pays.

En parallèle, le Nigéria accueille 82 513 réfugié.es et 1 570 demandeur.euses d'asile en mai 2022 (HCR, 2022). Les réfugié.es les plus nombreux.euses au Nigéria sont les Camerounais.es (77 253) qui fuient le conflit armé dû à l'agitation séparatiste au Cameroun anglophone. De nombreux.euses réfugié.es camerounais.es se trouvent principalement dans le sud du Nigéria, près de la frontière avec le Cameroun. Ils.elles sont facilement accepté.es dans les communautés nigérianes en raison de liens ethnoculturels communs et parce qu'ils.elles parlent l'anglais et le pidgin.

Le tableau ci-dessous présente les différents États du Nigéria et les schémas migratoires dominants dans ces États.

Table1_Nigeria French
Table 1 : Modèle Migration Dominant selon les États fédérales (Source : construction de l’auteur basée sur interviews et multiples sources secondaires)

Principaux schémas migratoires au Nigéria

Au fil des ans, la migration, y compris l'immigration, la migration de la diaspora, la migration illégalisée, les réfugié.es et les personnes déplacées à l'intérieur du Nigéria, ainsi que les réfugié.es et les demandeur.euses d'asile du Nigéria, sont devenu.es des sujets de premier plan dans la sphère publique et politique du Nigéria. Les migrations ont attiré l'attention des politiques, sont devenues partie intégrante des discours sociaux et sont considérées comme pertinentes pour les intérêts des acteurs nigérians et étrangers. Pour chaque type de migration, certains acteurs sont plus actifs que d'autres. La compréhension de ces types de migration et des intérêts de leurs acteurs respectifs détermine l'ampleur de l'attention portée aux discours politiques et publics dans le pays et à l'étranger.

Immigration au Nigéria

L'immigration au Nigéria a une longue histoire. Tout au long de l'histoire précoloniale, coloniale et postcoloniale, le Nigéria a attiré une population immigrée, principalement en provenance de la région de l'Afrique de l'Ouest. Malgré des mouvements migratoires réguliers au sein de l'actuelle Afrique centrale et occidentale, le Nigéria a enregistré les premières vagues d'immigration au début de l'époque coloniale[5], lorsqu'environ 30 000 Touaregs ont quitté le Niger pour le Nigéria (Abba, 1993 ; Mberu, 2010).

Pendant la période coloniale, le Nigéria a attiré de nombreux.euses travailleurs.eures migrant.es de différents pays d'Afrique de l'Ouest, comme le Ghana, le Burkina Faso, le Niger, le Tchad, le Mali, la Guinée, le Cap-Vert et le Togo (Udo, 1975 ; Adepoju, 1996). Beaucoup de ces immigrant.es sont venu.es au Nigéria pour répondre aux besoins de la colonie britannique en main-d'œuvre dans les secteurs de l'exploitation minière, de l'administration publique et des plantations, en particulier après 1956, lorsque du pétrole a été découvert dans la région du delta du Niger (Dunn, 2008) ; (Mberu & Pongou, 2010).

La tendance à l'immigration durant l'ère coloniale s'est poursuivie après l'indépendance du Nigéria, de 1960 au début des années 1970. Le taux élevé d'immigration au Nigéria a été interrompu par des conflits, en particulier la lutte pour le pouvoir politique entre le Nord et le Sud, où des officier.ières militaires du Nord ont été tués lors d'un coup d'État qui aurait été orchestré par un officier Igbo du Sud, et où des groupes du Nord ont tué, en représailles, de nombreux.euses résident.es Igbo dans le Nord. S’en est suivie la guerre civile du Biafra de 1967 à 1970 entre l'État biafrais nouvellement créé et le Nigéria. Ces conflits ont rendu le Nigéria peu attractif pour l'immigration (Ikwuyatum, 2016). Un autre facteur qui a contribué à réduire l'immigration à cette époque a été l'introduction de la loi sur l'immigration en 1963. Cette loi, première politique de l'État en matière d'immigration, a renforcé le contrôle et la documentation des immigrant.es, a limité l'entrée à des groupes spécifiques et a défini les conditions d'entrée et de séjour au Nigéria (Adepoju, 2005).

L'immigration et la politique d'immigration au Nigéria ont pris une autre dimension après que le pays ait ratifié le protocole de la CEDEAO sur la libre circulation des biens, des capitaux et des personnes en 1980. La libre circulation des personnes, de la résidence et de l'établissement en vertu du protocole stipule, entre autres, le droit des citoyen.nes de la communauté de la CEDEAO d'entrer, de résider et d'établir des activités économiques sur le territoire des États membres (Aderanti et al., 2007). Entre les années 1970 et le début des années 1980, l'économie du Nigéria était en plein essor grâce aux opportunités d'emploi offertes par le pétrole dans plusieurs secteurs de l'économie. Les performances économiques positives du Nigéria à l'époque, associées à l'entrée en vigueur du protocole de libre circulation, ont attiré de nombreux citoyen.nes de la CEDEAO.

Entre 1983 et 1985, les prix mondiaux du pétrole ont fortement baissé. En conséquence, l'économie du Nigéria, associée à la violence et à la répression politique, s'est effondrée. Le grand nombre de migrant.es sur le marché du travail nigérian a alimenté la crise de l'emploi déjà existante et la pression à l'émigration s'est accrue parmi les Nigérian.es. Confronté à ces difficultés économiques et à ces problèmes politiques, le gouvernement a réagi en expulsant de nombreux.euses citoyen.nes sans papiers de la CEDEAO dont les permis de séjour de 90 jours et la période de grâce prévue par le protocole de la CEDEAO avaient expiré. Cette expulsion massive visait les travailleurs.euses migrant.es, dont environ 1 million de Ghanéens (De Haas & Flahaux, 2016). Le programme d'ajustement structurel de 1986 a entraîné des difficultés économiques supplémentaires au Nigéria, le rendant moins attractif pour de nombreux.euses citoyen.nes de la CEDEAO.

Les données sur l'immigration pour 2020 font état d'environ 1,25 million d'immigrés[6] au Nigéria, soit 0,61 % de la population du pays (UN DESA, 2020). La proportion d'immigrant.es par rapport à la population du Nigéria est inférieure à la moyenne mondiale (3,6 %) et à celle de l'Afrique de l'Ouest (1,9 %). Cette proportion signifie également que le Nigéria a le plus faible taux d'immigrant.es par rapport à la population. Cela n'est pas surprenant en raison de la taille de la population du Nigéria. Les citoyen.nes de la CEDEAO constituent le plus grand nombre d'immigrant.es au Nigéria, en provenance de pays tels que le Bénin, le Ghana, le Niger et le Togo (ibid).

Migration régulière (diaspora)

La politique nationale de migration du Nigéria (NMP) définit la diaspora comme des populations situées en dehors de leur pays d'origine, qui entretiennent généralement des liens et développent des liens avec le pays d'origine et avec d'autres pays d'installation/de résidence. Cette section utilise le terme de migration de la diaspora principalement pour les migrant.es régulier.ières en dehors du Nigéria[7].

Selon Wapmuk et al. (2014), la force motrice derrière la formation de l'importante diaspora nigériane est liée à la mondialisation et au capitalisme racialisé[8]. Des facteurs tels que l'esclavage, les politiques de travail coloniales, les conflits postcoloniaux et les difficultés économiques induites par les programmes d'ajustement structurel sont à l'origine de l'énorme diaspora nigériane. Tout comme l'immigration, l'émigration au Nigéria a une longue histoire qui remonte à l'ère coloniale. L'éducation était la principale raison de la migration, principalement vers le Royaume-Uni. Après leurs études, de nombreux migrant.es sont resté.es au Royaume-Uni pour y travailler. Cette tendance s'est poursuivie après l'indépendance, les États-Unis devenant une autre destination attrayante en plus du Royaume-Uni (de Haas, 2006 ; Mberu & Pongou, 2010). Au Nigéria postcolonial, la guerre du Biafra de 1967 à 1970, les difficultés économiques et les politiques néolibérales ont contribué à un taux d'émigration élevé (Mberu & Pongou, 2010, Wapmuk, Akinkuotu, & Ibonye, 2014).

En outre, les migrations internationales ont commencé à se diversifier au début des années 1980. Au cours de cette période, le pays a connu une augmentation de l'émigration, principalement en raison des difficultés économiques causées par la baisse des prix du pétrole à la fin des années 1970 et au début des années 1980 (Black et al., 2004). Outre les destinations comme le Royaume-Uni et les États-Unis et les économies riches d'Afrique comme le Gabon, le Botswana et l'Afrique du Sud, l'Allemagne, la France, les Pays-Bas, la Belgique, l'Espagne, l'Italie et l'Irlande sont devenus de nouvelles destinations pour les travailleur.euses migrant.es d'Afrique de l'Ouest, y compris le Nigéria (Black et al., 2004 ; de Haas, 2006).

La diaspora nigériane est composée de personnes originaires de différentes parties de la fédération. Néanmoins, la majorité est originaire des zones géopolitiques du sud-sud, du sud-est, du centre-nord et du sud-ouest du pays (ICMPD & IOM, 2010). Par exemple, des recherches sur les Nigérian.es au Royaume-Uni montrent que la plupart d'entre eux.elles sont des Yorubas du sud-ouest, des Ibos du sud-est, et des Ogonis et des Edos du sud-sud (Marchand, Langley, & Siegel, 2015 ;).

En 2015, on estimait que plus de 15 millions de Nigérian.es vivaient dans la diaspora, dont plus de 27 % aux États-Unis et au Royaume-Uni (UNESA 2015, Policy Development Facility, 2017). Un grand nombre de Nigérian.es de la diaspora sont hautement qualifiés.[9] En 2000, 34,5 % de tous les migrant.es nigérian.es dans les pays de l'OCDE avaient fait des études supérieures. De même, 83 % et 46 % des migrant.es nigérian.es étaient des travailleurs hautement qualifiés rien qu'aux États-Unis et en Europe (Docquier & Marfouk, 2004 ; OCDE, 2012 ; Darkwah & Verter, 2014). Depuis 2000, environ 10,7 % des Nigérian.es diplômé.es de l'enseignement supérieur ont émigré (Banque mondiale, 2011). La majeure partie des migrant.es nigérian.es hautement qualifié.es se trouve aux États-Unis et au Canada. À l'exception du Royaume-Uni, la plupart des migrant.es nigérian.es en Europe sont peu qualifié.es (OCDE, 2019).

Aujourd'hui, le nombre considérable de la diaspora nigériane est rentabilisé par les envois de fonds. Par exemple, en 2018, le Nigéria est devenu le plus grand pays bénéficiaire de transferts de fonds en Afrique subsaharienne après avoir reçu plus de 24,3 milliards de dollars de transferts officiels (soit une augmentation de 2 milliards de dollars par rapport à 2017), ce qui représente un total de 6,1 % du PIB du Nigéria (Banque mondiale, 2019). Le pays a cependant vécu une forte baisse des envois de fonds en 2020 (seulement 17,21 milliards de dollars) en raison de la pandémie de Covid-19. Mais en 2021 le Nigéria a reçu des envois de fonds de près de 20 milliards de dollars, ce qui représente quatre fois les investissements directs étrangers dans le pays.

Migration illégalisée (vers l’Europe)

La majorité des migrations illégalisés proviennent du sud-sud et du sud-est du Nigéria. L'État d'Edo (Benin City, pour être précis) est souvent décrit comme le corridor vers l'Europe (Hoffmann, 2018 ; Agbakwuru, 2018 ; O'Grady, 2018). En effet, de nombreux.euses migrant.es nigérian.es en situation irrégulière en Europe sont originaires de l'État d'Edo. L'État occupe une place importante dans le nombre de rapatrié.es ou de victimes secourues de trafiquant.es en provenance de Libye, qui étaient initialement destiné.es à l'Europe[10]. Lorsque les migrant.es en situation irrégulière arrivent en Europe, nombre d'entre eux.elles s'appuient sur les systèmes de demande d'asile du pays européen d'accueil pour tenter de régulariser leur séjour. Dans l'ensemble, le Nigéria compte le plus grand nombre de demandeurs.euses d'asile (voir la section sur les réfugié.es et les demandeurs.euses d'asile du Nigéria) dans l'UE par rapport aux autres pays d'Afrique de l'Ouest (Eurostat, 2019).

Historiquement, la migration irrégulière en provenance de l'État d'Edo remonte aux années 1980. De nombreux.euses Nigérian.es, dont des femmes de l'État d'Edo, ont émigré en Italie, en réponse à la forte demande de main-d'œuvre agricole peu qualifiée (Carling, 2006). Pendant leur séjour en Italie, certaines de ces femmes ont cherché d'autres sources de travail, y compris la prostitution, lorsque le travail agricole est devenu compétitif et que les opportunités ont commencé à diminuer. De nombreuses femmes sont devenues populaires sous le nom de « Madame » et ont commencé à amener d'autres femmes à les rejoindre. La migration régulière à travers l'Europe étant de plus en plus restreinte, nombre de ces « Madames » ont cherché divers moyens, y compris des moyens irréguliers via des réseaux de traite et de contrebande (Carchedi, 2000 ; Wolthuis & Blaak, 2001 ; Baldoni, Caldarozzi, Giovanetti, & Minicucci, 2014) pour contourner ces restrictions à la migration.

Aujourd'hui, une grande partie de la mobilité illégalisée de Benin City peut être attribuée à la pauvreté, au chômage et aux incitations matérielles telles que les envois de fonds pour les familles et les investissements (Green, Wilke et Cooper, 2018). En outre, l'absence d'espoir et de perspectives au Nigéria pousse les jeunes qui considèrent la migration comme le seul moyen d'avoir un avenir prometteur à migrer clandestinement, certain.es devenant victimes de la traite sexuelle et d'autres formes de traite des êtres humains (Osezua, 2016 ; Plambech, 2017).

En outre, la désinformation joue un rôle crucial dans la migration illégalisée au Nigéria. Souvent, les passeur.euses et les soi-disant agent.es de migration désinforment et manipulent délibérément les ménages en leur faisant croire qu'il y a trop d'emplois vacants en Europe. En retour, de nombreuses familles et jeunes gens paient ces "agents" pour qu'ils facilitent leur migration. Ils n'informent pas leurs "clients" des défis mortels liés à la traversée du désert du Sahara, de la situation d'esclavage moderne en Libye, des refoulements par Frontex et du nombre élevé de décès en mer Méditerranée, des arrestations et des interrogatoires, des problèmes d'intégration et de logement, des sentiments anti-migrants croissants en Europe et du manque d'accès à l'éducation et à l'emploi en raison de leur situation irrégulière.

De nombreux.euses migrant.es nigérian.es en situation irrégulière commencent leur voyage à Benin City, transitent par Kano dans le nord du Nigéria, Agadez dans la République du Niger, puis par la Libye avant de traverser l'Europe via la Méditerranée centrale jusqu'à l'Italie ou Malte. Les chiffres actuels montrent un glissement croissant vers la route Atlantique/Méditerranée occidentale vers l'Espagne (Brenner, Forin, & Frouws, 2018). En raison du resserrement de la route du Niger (Agadez), le Mali est devenu une route attrayante pour les trafiquant.es, malgré la situation sécuritaire actuelle et l'instabilité au Mali. Les contrebandier.ières et les trafiquant.es concluent différents accords avec les différentes factions de la guerre au Mali pour obtenir un passage "sûr". L'affaiblissement des contrôles frontaliers et la corruption à ces frontières favorisent encore davantage les régimes de circulation de ces trafiquants dans la région de la CEDEAO.

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"Beware of strangers" par markhillary est sous licence CC BY 2.0.

Les discussions sur la migration irrégulière de l'Afrique sub-saharienne vers l'Europe, principalement du Nigéria, ignorent souvent le désespoir de nombreux.euses jeunes qui n'ont pas d'autres perspectives dans leur pays d'origine. Ces personnes sont confrontées à des situations de plus en plus difficiles tout au long de leur voyage vers l'Europe en raison des politiques migratoires restrictives. L'absence de voies d'immigration régulières/légales entraîne le recours croissant à des voies d'immigration illégalisées et dangereuses pour la vie. De même, la rareté des voies légales crée des opportunités marquées pour les facilitateur.euses de la mobilité illégalisée, de plus en plus criminalisés en tant que passeur.euses de migrant.es, ainsi que pour les trafiquant.es qui sont souvent lié.es à la criminalité organisée. Selon l'Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC), la traite des êtres humains implique le recrutement, le déplacement ou l'hébergement de personnes à des fins d'exploitation - exploitation sexuelle, travail forcé, esclavage ou prélèvement d'organes. Le trafic de migrant.es consiste à aider des migrant.es à entrer ou à rester dans un pays sans les documents requis, en vue d'un gain financier ou matériel. Dans le cadre plus large des migrations illégalisées, la distinction entre le trafic de personnes et la traite des personnes est parfois floue (Salt, 2000). Ainsi, un.e migrant.e qui accepte d'être transporté clandestinement peut rapidement faire l'objet d'un trafic le long de la route migratoire.

Personnes déplacées à l’intérieur du pays au Nigéria

En mars 2022, on comptait 2 197 824 personnes déplacées enregistrées au Nigéria (HCR, 2022). Les effets du changement climatique, les catastrophes naturelles et les conflits (insurrection, affrontements entre agriculteurs et éleveurs et entre communautés) expliquent tous les déplacements internes au Nigéria. Cependant, le conflit entre le gouvernement nigérian et les insurgés de Boko Haram est l'une des principales causes de déplacement interne au Nigéria. Il a débuté en 2009 lorsque les forces de sécurité nigérianes se sont attaquées à une secte islamique, tuant 800 personnes (Ioannis Mantzikos et al., 2013). Parmi les victimes de cette opération figurait Mohamed Yusuf, le chef d'une secte islamique appelée Jama'atu Ahlis Sunna Lidda'awati Wal-Jihad - qui signifie "Personnes engagées dans la propagation des enseignements du Prophète et le Jihad", également connue sous le nom de Boko Haram, ce qui signifie "L'éducation occidentale est interdite." (Adelaja, A, Labo, A, & Penar, 2018 ; Home Office, 2017 ; Ioannis Mantzikos et al., 2013). Cette secte islamique, qui était plutôt discrète depuis sa création au début des années 2000, est devenue très violente après la mort de Mohamed Yusuf (Adelaja, A, Labo, A, & Penar, 2018 ; Ioannis Mantzikos et al., 2013).

En 2014, avec l'autorisation de l'Union africaine (UA), la Commission du bassin du lac Tchad a réactivé la Force d'intervention conjointe multinationale (MNJTF)[11] pour mener des opérations de combat contre Boko Haram, intercepter les armes faisant l'objet d'un trafic, libérer les otages et encourager les défections. Cela s'est produit après que Boko Haram ait étendu son insurrection aux pays voisins du bassin du lac Tchad (Niger, Cameroun et Tchad).

En août 2016, Boko Haram s'est scindé en deux factions. La scission était idéologique et concernait l'engagement ou le ciblage des attaques. Le nouveau groupe, la province de l'État islamique d'Afrique de l'Ouest (ISWAP), qui entretient des liens avec l'État islamique en Irak et en Syrie, souhaite s'engager auprès des musulmans plutôt que de les cibler. En revanche, les membres restants de Boko Haram continuent de cibler tout le monde, y compris les musulman.es (Mahmood, 2018).

En 2018, en collaboration avec la MNJTF, l'armée nigériane a intensifié sa campagne de contre-insurrection en menant d'importantes offensives contre les insurgé.es dans les États de Yobe et de Borno. La même année, les djihadistes ont intensifié leurs opérations, changé de tactique et lancé des attaques meurtrières contre l'armée nigériane. Cette crise violente a eu des répercussions sur toutes les catégories démographiques des communautés touchées. Les filles et les femmes ont été enlevées, violées et transformées en esclaves sexuelles, tandis que les garçons et les hommes ont été recrutés de force pour combattre sur les fronts de bataille ou commettre des attentats-suicides.

Outre l'insurrection de Boko Haram, d'autres conflits ont entraîné des déplacements internes au Nigéria. En 2018, l'État d'Adamawa a connu des conflits intercommunautaires meurtriers impliquant plus de 100 communautés, ce qui a entraîné d'autres déplacements dans le nord-est. De même, les violences politiques et les affrontements lors des dernières élections (2015, 2019 et 2023) ont entraîné des déplacements internes dans tout le pays.

Réfugié.es et demandeur.euses d’asile du Nigéria

La lutte du gouvernement nigérian contre l'insurrection de Boko Haram dans le nord du pays continue d'être une situation complexe qui soulève des questions migratoires et humanitaires. Outre la situation des personnes déplacées, l'insurrection de Boko Haram a contraint de nombreux.euses Nigérian.es à fuir vers les pays voisins pour obtenir l'asile et la protection des réfugié.es. En octobre 2022, il y avait un total de 345 500 réfugié.es nigérian.es au Niger (187 136), au Cameroun (138 107) et au Tchad (20 257).

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Table 2 : Refugié.es nigérian.es en pays voisins (Source : HCR, Government (du 31/10/2022))

Les pays du bassin du lac Tchad (Nigéria, Niger, Cameroun et Tchad) sont confrontés à une situation humanitaire difficile depuis que l'insurrection de Boko Haram s'est propagée du Nigéria à ces pays voisins en 2014. L'attitude et la réaction du Niger et du Tchad à l'égard des réfugié.es nigérian.es ont été plus chaleureuses que celles du gouvernement camerounais à l'égard des réfugié.es nigérian.es. Depuis 2015, l'armée camerounaise a expulsé plus de 100 000 réfugié.es nigérians.e, souvent soupçonné.es d'être des membres de Boko Haram. Selon Human Right Watch, de nombreux.euses réfugié.es nigérian.es expulsé.es du Cameroun se retrouvent souvent dans l'État de Borno, où la guerre se poursuit. Ces rapatrié.es retournent dans les zones de guerre alors qu'ils.elles sont déplacé.es et démuni.es au Nigéria. (Human Rights Watch, 2017 ; 1). Le gouvernement nigérian a critiqué les déportations de réfugié.es nigérian.es du Cameroun comme allant à l'encontre de l'accord de rapatriement tripartite entre le Nigéria, le Cameroun et le HCR, de la convention des Nations Unies de 1954 sur l'apatridie et de la convention de l'Organisation de l'unité africaine (OUA) de 1969 régissant les aspects spécifiques des problèmes des réfugié.es en Afrique[12].

Outre les réfugié.es nigérian.es dans les pays voisins (Tchad, Niger, Cameroun), le Nigéria compte le plus grand nombre de demandeurs.euses d'asile dans l'UE par rapport aux autres pays d'Afrique de l'Ouest. En 2018, 25 755 migrant.es nigérian.es ont demandé l'asile en Europe (Eurostat, 2019).

En plus de Boko Haram et d'autres combattant.es non étatiques, les raisons pour lesquelles les Nigérian.es demandent l'asile dans l'UE comprennent la persécution par l'État de groupes militants dans le delta du Niger, les mouvements séparatistes, les conflits entre agriculteurs.euses et éleveurs.euses et le fanatisme étudiant.e (Bureau européen d'appui en matière d'asile (EASO, 2019).

UE Engagement et Migration

À la suite de la crise migratoire de 2015 en Europe, l'Union européenne et ses États membres ont redoublé d'efforts pour externaliser leurs frontières directement dans les pays africains. En réponse, l'UE a lancé plusieurs initiatives, notamment l'élaboration de l'agenda européen 2015 sur les migrations, l'organisation du sommet de La Valette et l'élaboration du plan d'action de La Valette, ainsi que la création du Fonds fiduciaire de l'UE pour l'Afrique (FFUE). Ces initiatives sont venues s'ajouter aux instruments établis dans des cadres européens antérieurs, tels que le programme commun sur la migration et la mobilité (PCM) et les partenariats en matière de migration. Dans toutes ces réponses initiées aux "crises" migratoires de 2015, l'UE a considéré le Nigéria comme un pays prioritaire, qu'il continue d'occuper dans les politiques migratoires extérieures de l'UE. Le Nigéria a joué un rôle central dans divers cadres, accords et instruments financiers. Par exemple, le Nigéria a été le premier pays à signer un CAMM en 2015 et l'un des cinq pays (avec l'Éthiopie, le Mali, le Niger et le Sénégal) ciblés par le MPF.

Plusieurs raisons expliquent pourquoi le Nigéria est essentiel à l'engagement et à la coopération de l'UE en matière de migration en Afrique subsaharienne. Tout d'abord, le Nigéria est le pays le plus peuplé d'Afrique et contribue donc à ce que la plupart des migrant.es d'Afrique subsaharienne tentent d'entrer dans l'UE. Deuxièmement, le Nigéria est à la fois un pays d'origine et de transit. Troisièmement, le Nigéria joue le rôle de superpuissance dans la région de l'Afrique de l'Ouest et dispose donc de certains pouvoirs politiques, sociaux et économiques qui peuvent servir les intérêts de l'UE.

L'importance du Nigéria dans le programme de gouvernance des migrations extérieures de l'UE s'est traduite par un financement relativement élevé de l'UE en faveur du Nigéria. Entre 2006 et 2019, le Nigéria a reçu pas moins de 425 millions d'euros de divers projets financés par l'UE. En outre, le Nigéria est l'un des 26 pays qui bénéficient de l'initiative conjointe UE-OIM pour la protection et la réintégration des migrant.es, lancée en 2016 pour faciliter le retour "volontaire" des migrant.es dans leur pays d'origine.

Sept ans après la "crise migratoire européenne", le Nigéria reste un élément essentiel de l'agenda de l'UE en matière de migration extérieure en Afrique. Sur la première page de la nouvelle Action de l'UE pour le Nigéria (projet) publiée par l'UE en septembre 2021, "l'UE reconnaît l'importance cruciale du Nigéria dans le paysage économique, social et politique de l'Afrique". Pour les sept prochaines années (2021 - 2027), l'UE cherche à renforcer son partenariat migratoire de manière globale et "s'engage à revigorer un partenariat politique stratégique avec le Nigéria" (UE, 2021. p.1). L'UE reconnaît son investissement considérable dans la coopération avec le Nigéria dans le cadre du partenariat migratoire et souligne les domaines de collaboration suivants avec la superpuissance d'Afrique de l'Ouest.

Table3_Nigeria French
Table 3 : Région de UE-Nigéria Coopération, Activités et Financement de Novembre 2021 (Source : EU’s Draft Action Plan for Nigéria (Septembre 2021)

Au niveau des États membres de l'UE, plusieurs projets de partenariat de coopération ont été mis en place par des pays comme l'Allemagne, la Suède et la Lituanie. La coopération suédoise en matière de migration au Nigéria s'est concentrée sur l'approfondissement de la gouvernance en matière de migration. De nombreux autres pays de l'UE se sont concentrés sur des campagnes visant à décourager l'immigration clandestine. La création du centre nigéro-allemand des migrations à Lagos (avec d'autres bureaux à Abuja et à Benin City) est un exemple des projets de coopération de l'Allemagne en matière de migration. Le centre de migration vise à fournir des informations sur les perspectives d'emploi au Nigéria et sur la migration régulière aux migrant.es potentiel.les et aux jeunes Nigérian.es. Le projet propose des formations et des ateliers sur les compétences nécessaires à la recherche d'un emploi. Un aspect du centre de migration qui doit être clarifié est l'impression que le centre fournira aux Nigérian.es des informations sur les perspectives d'emploi en Allemagne. En fait, la politique de création du centre vise à éduquer et à informer les Nigérian.es pour qu'ils trouvent des emplois au Nigéria et réduisent la migration vers l'Europe. Lors de sa création, le centre n'avait pas grand-chose à voir avec l'établissement de voies d'immigration régulières pour les Nigérian.es, que le gouvernement nigérian souhaite mettre en place avec l'Allemagne[13]. Des initiatives telles que « Digital Explorers »[14] peuvent peut-être servir de point de référence pour créer des voies d'accès à la migration régulière dans d'autres secteurs.

En effet, la coopération entre l'UE et le Nigéria en matière de migration est marquée par des défis et des intérêts opposés malgré l'investissement financier de l'UE et la position vitale du Nigéria dans les politiques extérieures de l'UE en matière de migration. Les deux partenaires ont des intérêts à la fois divergents et convergents. Prenons par exemple la gestion ou le contrôle des frontières : le Nigéria compte 114 postes frontaliers terrestres reconnus et plusieurs frontières terrestres non gouvernées. Un commissaire à l'immigration interrogé dans le cadre de cette étude a attribué la nature poreuse des frontières au trafic d'êtres humains et à la traite des êtres humains au Nigéria. Même pour les postes reconnus, le maintien de toutes ces frontières exerce une pression énorme sur les ressources financières et humaines du pays. Dans le cadre de la coopération entre l'UE et le Nigéria en matière de migration, l'UE a apporté son soutien à la gestion des frontières du Nigéria. Par exemple, un projet comme le « Free Movement and Migration (FMM) » en Afrique de l'Ouest était l'une des initiatives de gestion des frontières dans la sous-région de la CEDEAO. Le projet FMM a formé des agents d'immigration dans les pays membres de la CEDEAO, dont le Nigéria. En outre, tous les aéroports internationaux nigérians (Enugu, Kano, Port Harcourt, Abuja et Lagos) ont été modernisés sur le plan de la sécurité (matériel, logiciels et formation) afin de répondre aux normes d'excellence aéroportuaire (APEX) dans le cadre du soutien de l'UE au contrôle des frontières. Au sens large, l'UE et le Nigéria souhaitent que les frontières soient bien gérées/contrôlées.

Le Nigéria souhaite un contrôle aux frontières pour lutter contre la traite des êtres humains, compte tenu de considérations plus générales en matière de sécurité. L'UE souhaite contrôler les frontières afin de réduire la mobilité illégalisée vers l'Europe.

Outre la gestion des frontières, les intérêts de l'UE et du Nigéria convergent sur la réduction des défis humanitaires résultant de la guerre du gouvernement nigérian contre Boko Haram. La garantie de la sécurité dans les régions du Sahel et de la Corne de l'Afrique est étroitement liée à cet intérêt.[15]

Le retour, la réadmission et la réintégration sont les intérêts divergents les plus remarquables observés dans le cadre du partenariat/de la coopération entre l'UE et le Nigéria en matière de migration. D'une part, le Nigéria est conscient de l'existence d'une migration illégalisée en provenance du pays. Contrairement à l'UE et à ses États membres, le gouvernement s'intéresse davantage à l'engagement de la diaspora pour attirer les investissements et augmenter les transferts de fonds pour le développement. D'autre part, l'UE et les États membres de l'UE ont montré plus d'intérêt pour la migration irrégulière et le retour, la réadmission et la réintégration, même si le Nigéria est intéressé par l'augmentation des voies légales régulières pour les migrant.es nigérian.es. Bien qu'elle n'ait pas réussi à conclure un accord de retour et de réadmission avec le Nigéria, l'UE a montré dans son plan d'action pour le Nigéria sur la coopération en matière de migration qu'elle avait toujours l'intention d'obtenir un tel accord formel (Conseil de l'Union européenne, 2021).

Impact de l’engagement de l’UE au Nigéria sur les migrations

Depuis 2015, la coopération au développement entre l'UE et le Nigéria s'est approfondie dans le domaine de la migration, principalement en raison de l'accent mis sur le Nigéria dans les politiques migratoires extérieures de l'UE. La coopération au développement de l'UE avec le Nigéria a sans aucun doute eu un impact sur la gouvernance/gestion des migrations et les discours sur la migration au Nigéria, contredisant l'échec de l'UE à finaliser un accord de retour et de réadmission. Une analyse de l'impact de la coopération entre l'UE et le Nigéria est présentée ci-dessous.

Un nouvel axe pour les relations bilatérales entre l’UE et le Nigéria

« Depuis que l'UE a donné la priorité à la migration, les coopérations bilatérales sur le commerce, par exemple, ont toutes été repoussées. Mais nous aimerions aussi que la coopération commerciale revienne sur la table » (Amanda, chercheuse en migration sur le Nigéria et la CEDEAO - Entretien réalisé en mars 2019).

La coopération bilatérale entre le Nigéria et l'UE a été priorisée par l'UE en matière de migration, enveloppée dans le récit "déguisé" de la recherche des "causes profondes" de la migration. Malgré les critiques concernant l'utilisation des fonds de coopération au développement pour résoudre les problèmes de migration, les fonds de coopération au développement de l'UE, tels que les fonds fiduciaires de l'UE, ont été canalisés vers des projets liés à la migration dans toute l'Afrique de l'Ouest. Au Nigéria, les fonds de développement de l'UE ont été consacrés à la formation, au renforcement des capacités, à l'équipement et aux campagnes de sensibilisation. L'une des principales raisons pour lesquelles l'UE met l'accent sur la coopération bilatérale en matière de migration est la lutte contre l'immigration irrégulière vers l'UE. Cependant, d'autres facteurs tout aussi importants, tels que la réduction des échanges commerciaux, l'insécurité, les faibles rendements agricoles et d'autres défis économiques, doivent faire l'objet d'une attention égale dans le cadre de ce nouvel axe de coopération au développement. Au lieu de cela, les activités telles que les programmes de formation des jeunes et les campagnes de sensibilisation censées s'attaquer aux causes profondes de la migration sont devenues le point de mire des sociétés de développement, avec des résultats peu clairs en ce qui concerne la résolution de ces causes profondes perçues comme telles.

Stimulation de l’intérêt politique pour les migrations

En discutant de l'impact de l'implication de l'UE au Nigéria sur la migration, on ne peut pas ignorer l'intérêt politique accru du gouvernement nigérian qui en découle. Depuis 2015, l'intérêt du gouvernement pour la migration s'est encore accru pour les raisons suivantes. Premièrement, les partenaires de développement, en particulier l'UE et les États membres de l'UE, ont exercé une pression internationale croissante pour que le Nigéria fasse de la migration une priorité politique. Dans les débats nationaux, le sujet a pris de l'importance après les rapports de 2017 sur la vente de migrant.es africain.es par certaines bandes criminelles en Libye. Les acteurs.trices internationaux.nales ont également utilisé ces événements pour légitimer l'attention qu'ils portent au contrôle des migrations vis-à-vis des acteurs de l'État nigérian, en soulignant leur incapacité à réagir de manière adéquate. Deuxièmement, le financement du développement de l'UE pour l'après-2015 dans le cadre du Fonds européen d'ajustement à la mondialisation a été lié à la gestion/gouvernance des migrations, ce qui oblige le gouvernement nigérian à réagir aux questions migratoires. Troisièmement, l'intérêt pour la migration s'est accru en raison de l'importance de la diaspora nigériane. Par exemple, le gouvernement nigérian est conscient des ressources financières substantielles de la diaspora nigériane (sous forme d'envois de fonds et d'investissements).

L'exploitation de ces ressources financières est vitale pour le développement national. Quatrièmement, le nombre élevé de personnes déplacées et de réfugié.es nigérian.es au Tchad et au Niger a constitué un défi politique majeur pour le gouvernement Buhari et continuera de l'être pour le gouvernement Tinubu récemment élu. En effet, le président Buhari a fait campagne sur la défaite de Boko Haram au cours de son premier mandat (2015 - 2019). Néanmoins, avec la guerre en cours et le nombre croissant de Nigérian.es déplacé.es, le gouvernement du All Progressives Congress (APC) ne peut pas ignorer ces personnes déplacées. Compte tenu des raisons susmentionnées, qui expliquent la prise de conscience politique accrue au Nigéria, il est juste d'évaluer que la pression exercée par l'UE et d'autres partenaires internationaux s'est avérée être une situation "douce-amère" pour le Nigéria.

Le gouvernement a donc dû faire face à des réactions négatives au niveau national et international pour son incapacité à freiner l'émigration légale de nombreux.euses Nigérian.es. En outre, le flux de personnes déplacées à la suite de la guerre dans le nord-est du Nigéria a constitué un fiasco politique pour le gouvernement, qui avait fait campagne pour mettre fin à la guerre dès le départ. En outre, le gouvernement a utilisé ces années de migration (2015-2019) pour renforcer ses relations avec la diaspora et sa capacité institutionnelle à relever les défis de la migration et à définir son programme en matière de migration de main-d'œuvre.[16]

Amélioration de législation et de l’engagement en manière de migration, mais sécurisation de la migration

La décision du Nigéria d'élaborer des politiques migratoires n'a pas été prise par l'UE. Par exemple, en 2003, le pays a promulgué la loi sur la traite des êtres humains, née de l'activisme de l'ancienne vice-présidente Amina Abubakar Atiku. Cette loi a ensuite créé l'Agence nationale pour l'interdiction de la traite des personnes (NAPTIP) en 2003, faisant du Nigéria le premier pays à criminaliser la traite des êtres humains en Afrique. La loi sur la traite a été révisée en 2005 et en 2015 afin de protéger les mineurs et d'imposer des peines plus sévères aux coupables. Cependant, l'intérêt pour les politiques de lutte contre la traite ne s'est traduit par des développements politiques significatifs en matière de migration que lorsque la coopération et le partenariat avec l'UE en matière de migration ont pris de l'ampleur à partir de 2010.

L'intérêt accru du gouvernement nigérian pour la migration - résultant des politiques et de l'influence de l'UE - a eu un impact sur l'élaboration des politiques migratoires au Nigéria. Par exemple, le Nigéria dispose de politiques migratoires globales en plus des protocoles migratoires de la CEDEAO (voir tableau 4).

Table4_Nigeria French
Table 4 : Migration spécifique politique et son développement au Nigéria

Le tableau ci-dessus présente les politiques migratoires spécifiques adoptées pour répondre aux principaux schémas migratoires au Nigéria. Il est difficile d'affirmer que le Nigéria présente des lacunes en matière de politique migratoire avec ces politiques. Il est également vrai que le désir de mettre en place des politiques migratoires est né de certains intérêts nationaux (par exemple, la main-d'œuvre et la diaspora) et non de l'implication de l'UE au Nigéria dans le domaine de la migration après 2015. Toutefois, ces politiques ont été accélérées grâce aux fonds de l'UE et au soutien technique de l'OIM. Ici, un autre domaine d'impact de la coopération de l'UE a été le développement d'un cadre de coordination. Il suit l'approche suisse de l'ensemble du gouvernement qui encourage la gestion interministérielle et multi-acteurs de la migration. Le cadre de coordination réunit des agences et des acteurs.trices gouvernementaux.ales, non gouvernementaux.ales et internationaux.ales. Les politiques et le cadre décrits ci-dessus montrent que l'implication de l'UE et de ses acteurs a permis d'élaborer des politiques migratoires au Nigéria. Le principal défi de la gouvernance migratoire au Nigéria est la mise en œuvre de ces politiques (lacunes dans la mise en œuvre).

Par ailleurs, l'implication de l'UE dans la gestion des migrations au Nigéria a conduit à une gestion des migrations plutôt axée sur la sécurité. Par exemple, dans les années 1990, le Nigéria a adopté des politiques et des lois contre la contrebande dans le contexte des droits de l'homme et des préoccupations en matière de sécurité. Elles établissaient un lien entre la traite et la survie économique et les pratiques culturelles des individus. Cette situation a changé ces dernières années, car le trafic est désormais lié aux réseaux transnationaux de cartels et se concentre sur le contrôle de la migration irrégulière vers l'Europe, principalement dans l'intérêt de l'UE.

Domination étrangère et rivalité intérieure

Le gouvernement nigérian manifeste progressivement un intérêt politique pour les migrations illégalisées et le trafic d'êtres humains, le retour et la réintégration. Toutefois, cet intérêt ne correspond pas aux ressources nécessaires pour traiter ces questions. Les allocations budgétaires des principales agences fédérales ont fluctué, montrant la nécessité d'une plus grande cohérence pour soutenir l'intérêt croissant pour la migration avec les fonds nécessaires. Par exemple, en 2016, le gouvernement a réduit le financement annuel de la NAPTIP de 2,5 milliards de nairas (8,22 millions de dollars) en 2015 à 1,69 milliard de nairas (5,56 millions de dollars) (USDOS, 2017). Par la suite, le gouvernement a alloué environ 3,14 milliards de nairas (8,7 millions de dollars) à la NAPTIP en 2017, soit une augmentation significative par rapport aux 1,69 milliard de nairas (4,7 millions de dollars) émis en 2016 (USDOS, 2018). Pourtant, le budget global alloué aux agences de migration doit être plus élevé.

Par ailleurs, l'UE et les États membres de l'UE financent le plus grand nombre d'initiatives sur la migration irrégulière, la traite, le retour et la réintégration (voir les tableaux 2 et 3). Plusieurs États membres de l'UE, comme l'Allemagne, la France, le Danemark et la Suisse, financent également des projets relatifs à la traite et à la migration irrégulière, soutiennent la formation professionnelle et entrepreneuriale des rapatriés et offrent des conseils aux migrant.es potentiel.es et aux rapatrié.es.

La Commission nationale pour les réfugié.es, les migrant.es et les personnes déplacées à l'intérieur du pays (NCFRMI) et la NAPTIP sont les agences statutaires de coordination pour la migration illégalisée, le trafic, le retour et la réintégration au Nigéria. Néanmoins, en raison de l'insuffisance des ressources des acteurs.trices nationaux.nales, les organisations étrangères telles que l'OIM, la GIZ et l'ICMPD, avec un financement substantiel de l'UE et des États membres de l'UE, ont dominé les projets et la gestion des migrations dans la pratique. Cela entraîne des problèmes d'appropriation pour les agences nigérianes qui se sentent financièrement éclipsées par les organisations étrangères.

En outre, la coopération entre l'UE et le Nigéria en matière de migration a donné lieu à une rivalité entre les agences au niveau fédéral et au niveau de l'État fédéral, ainsi qu'entre les organisations internationales.

Tout d'abord, il existe une rivalité liée au mandat entre les agences gouvernementales. Par exemple, le Service national de l'immigration (NIS) se considère mieux équipé pour coordonner les questions migratoires que le NCFRMI, créé en 2009. Le NIS est l'agence de migration la plus ancienne (créée en 1963), avec plus de 27 000 employés dans 774 gouvernements locaux, et il génère le plus grand volume de données migratoires. En outre, la loi sur l'immigration de 2015 donne au NIS le pouvoir de poursuivre les personnes qui enfreignent les lois sur l'immigration.

Deuxièmement, il existe des différends entre certains acteurs fédéraux et étatiques, par exemple entre la taskforce de l'État d'Edo contre la traite des êtres humains (ETAHT) et la NAPTIP. D'une part, la Taskforce cherche à obtenir un mandat plus large au niveau de l'État en raison de sa capacité à traiter la question de la traite. La NAPTIP, quant à elle, a le pouvoir d'engager des poursuites en tant qu'agence fédérale et ne tolérera aucun mandat de la taskforce au-delà de l'enquête.

Troisièmement, il existe une intense rivalité entre les principales organisations internationales, en particulier l'OIM et le HCR. Au niveau des Nations unies, les différents mandats de ces organisations sont clairs. Cependant, au Nigéria, en raison de l'énorme financement de l'OIM par des bailleurs de fonds tels que l'UE, l'OIM est impliquée dans presque tous les aspects de la migration. Ces rôles étendus de l'OIM laissent moins de place aux autres organisations internationales telles que le HCR, l'OIT et l'ICMPD. En fin de compte, ces désaccords affectent les acteurs nationaux. Par exemple, lors d'un entretien avec certaines ONG et OSC à Edo et Lagos, les interlocuteurs.trices ont mentionné que certaines organisations étrangères ne choisissaient de travailler qu'avec des agences, OSC ou ONG spécifiques qui n'ont pas de projets de leurs "rivaux".

Ces institutions "puissantes" comme l'OIM, le HCR, l'ICMPD, la GIZ et d'autres agences de coopération au développement des États membres de l'UE ont éclipsé les ONG et les OSC dans la gouvernance des migrations, mais pas dans la mise en œuvre des projets de base. Alors que le cadre de gouvernance des migrations n'est pas clair quant au rôle des ONG et des OSC, les organisations internationales, première source de financement des projets des ONG et des OSC, sont des soutiens importants de ce cadre. Par conséquent, les OSC et les ONG, bien que très actives au niveau communautaire, n'ont pas encore trouvé d'espace fonctionnel pour jouer un rôle au niveau macro.

Des programmes fragmentés entre le niveau fédéral et le niveau des États

Les enjeux politiques de la migration irrégulière, du trafic et de la traite des êtres humains diffèrent entre le gouvernement fédéral et les gouvernements des États du Nigéria, ce qui conduit à des approches fragmentées de la gestion de la migration irrégulière. Par exemple, dans les États d'Edo et de Lagos, les enjeux politiques de la migration irrégulière diffèrent de ceux du gouvernement fédéral. Dans l'État d'Edo, les questions de migration irrégulière sont politiques et attirent davantage l'attention de la société que dans les autres États. La plupart des campagnes de l'UE et des États membres de l'UE sur la migration irrégulière et les projets de retour et de réintégration se concentrent dans l'État d'Edo. Ces campagnes se concentrent sur les dangers de la migration irrégulière et négligent l'attitude négative à l'égard des personnes expulsées. Ces campagnes ne tiennent pas compte du fait que la stigmatisation de l'expulsion pousse les personnes expulsées à s'engager dans un nouveau cycle de migration irrégulière.

Lagos est une ville d'origine et de transit pour les nombreuses personnes qui font l'objet d'un trafic vers différentes destinations dans le monde. C'est aussi la "ville du retour" pour les nombreux.euses Nigérian.es qui sont renvoyé.es ou expulsé.es de l'UE et d'autres parties du monde. C'est pourquoi les gouvernements successifs de l'État de Lagos ont donné la priorité à des initiatives de création d'emplois telles que le Lagos State Employment Trust Fund (LSETF). Le clivage entre l'État fédéral et l'État de Lagos est évident lorsqu'il s'agit de traiter l'immigration irrégulière et la traite des êtres humains. Les agences nationales telles que la NAPTIP et la NCFRMI occupent le devant de la scène en étroite collaboration avec l'OIM sur ces questions. Ce n'est pas le cas à Edo, où le groupe de travail de l'État sur la traite est actif et visible au niveau de l'État. Dans l'ensemble, le gouvernement nigérian doit encore améliorer la coordination de tous les programmes relatifs à la migration dans le pays et soutenir les initiatives des États qui s'attaquent à leurs défis particuliers en matière de migration. Cela reste un défi en raison de la fragmentation et du manque de coordination du financement des donateurs.trices.

Statistiques sur les migrations

Table5_Nigeria French
Table 5 : Statistiques sur les migrations - Nigéria

[17] Les notes de bas de page suivantes se trouvent dans le graphique : 18[18], 19[19], 20[20], 21[21], 22[22], 23[23], 24[24]

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Footnotes

  1. Cet article est base sur le projet ‘The Political Economy of West African Migration Governance (WAMiG)' et le report suivant "The Political Economy of Migration Governance in Nigeria”. Cet article est une version mise à jour du report mentionné en haut.

  2. Déplacement suite à un conflit en 2021

  3. Population de refugiées au Tchad, Niger et Cameroun en janvier 2023

  4. Élections gubernationales programmées le 11 mars, 2023

  5. La colonisation au Nigéria eut lieu entre 1900 et 1960 quand le pays gagnait l’indépendance du Royaume Uni.

  6. Ce chiffre ne compte pas les réfugié.es et demandeur.euses d’asile.

  7. Bien que la diaspora nigériane de cette domaine se constitue surtout de migré.es régulier.ières, il faut observer que des migré.es irrégulier.ières et des personnes liées au Nigéria parmi la traite transatlantique d’esclaves qui considèrent le Nigéria en tant que leur patrimoine peuvent être considérées comme membres de la diaspora nigériane.

  8. Le capitalisme racialisé est le processus de l’obtention de valeur sociale et économique de l’identité raciale d’une autre personne. Regarder l’article par Nancy Leong’s article sur le capitalisme racialisé dans Harvard Law Review Vol. 126, No. 8 (JUNE 2013), pp. 2151-2226.

  9. Le concept de migré.es haute et peu qualifié.es est discutable en manque d’une seule définition accordé. En adoptant la définition de l’OECD, un individu haute qualifié est quelqu’un.e avec un dégrée d’université ou avec de l’expérience extensive/équivalente dans une domaine donnée (OECD, 1998).

  10. Regarder la base de données et le profile de pays de l’Agence Nationale pour la Prohibition de la traite d’êtres humains (NAPTIP) en 2014

  11. Établie par la Commission du bassin du lac du Tchad en 1998 pour lutter contre la contrebande d’autoroute et d’autres crimes transfrontaliers, le MNJTF actuel est composé de troupes du Nigéria, Niger, Cameroun, Tchad and Bénin et a son siège principal à N’Djamena, Tchad.

  12. Source : Interview avec UNHCR official à Abuja (April 2019)

  13. Source : interview avec un official du Ministère Nigérian pour le Travail et l’Emploi (mars 2019)

  14. Digital Explorers est une initiative d’échange de savoir entre les marchés ICT de la Lituanie et le Nigéria ICT, proposant une occasion pour la création de liens dans le secteur ICT. Le but est de remplier des postes vacants dans des entreprises de technologie lituanienne avec des talents en ICT nigérians. ICMPD initia ce projet avec le soutien de l’UE.

  15. Regarder “Mapping Of The Interlinkages Between Climate Change, Conflict, Fragility, Displacement And Migration In The Sahel And Horn Of Africa Regions [Tender Documents : T449493494].” MENA Report, Albawaba (London) Ltd., Dec. 2019.

  16. Lis encore plus sur pages 19 & 20 du 2019 rapport originale.

  17. Lis encore plus dans le rapport original ici.

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  19. United Nations Department of Economic and Social Affairs, Population Division. (2020). International Migration 2020 Highlights.

  20. Eurostat. (2021). Asylum applicants by type of applicant, citizenship, age and sex - annual aggregated data (rounded).

  21. See Oyekanmi, S. (2021). Nigeria attracts $9.22 billion in diaspora remittance in H1 2021, an increase of 16%.

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