Ethiopie
Publié novembre 9th, 2020 - écrit par: Simone Schlindwein
Le pays préféré de l’Europe
L’Éthiopie est aussi bien un pays d’origine qu’un pays de transit, tant pour les réfugié.es que pour les migrant.es. Ceci fait de l’Ethiopie un partenaire important pour une coopération avec l’Union Européenne.
En octobre 2019, le comité Nobel a annoncé une surprenante nouvelle : Abiy Ahmed Ali, le chef de gouvernement éthiopien, a été nommé lauréat du Prix Nobel de la paix pour sa politique de paix envers l’ancien pays ennemi, l’Érythrée.
Quand Abiy est arrivé au pouvoir en avril 2018, la population attendait beaucoup de changements par rapport à l’ancienne politique, autoritaire jusqu’alors. Mais personne ne prévoyait les dimensions des réformes que le nouveau premier ministre visait. L’État plurinational a été gouverné de manière autoritaire durant des dizaines d’années, la liberté de la presse et la liberté d’expression étaient limitées; depuis 2016, l’état d’urgence était proclamé. Sur les questions de politique et d’économie, un seul groupe ethnique avait eu accès au pouvoir – tout cela changea rapidement durant l’année et demie qui suivit.
Abiy, descendant de la minorité Oromo et qui fut officier de renseignement, mit fin à l’état d’urgence peu de mois après son entrée en fonction. Il nettoya l’énorme appareil de sécurité et de renseignement qui était en charge jusqu’alors, libéra des milliers de prisonnier.ières, initia un processus de démocratisation et de libéralisation économique. Le jalon de sa politique lui réussit en été 2018 quand il signa avec le président de l’Érythrée, Isavas Afwerki, un traité de paix. Après presque deux dizaines d’années, Abiy fut le premier président éthiopien à visiter le pays voisin l’Érythrée. Quand la frontière bien protégée fut ouverte en septembre 2018, des milliers d’Érythréen.nes affluèrent pour la traverser à pied. Ces instants montrèrent des scènes touchantes qui rappelèrent la chute du Mur de Berlin en 1989. Des étranger.ères tombaient dans les bras des uns et des autres et pleuraient de joie. Rapidement, les liaisons téléphoniques et aériennes reprirent. Les expert.es étaient certain.es : ce pas décisif rayonnerait dans toute la région. Néanmoins, le changement est aussi critiqué dans les deux pays. Lors d’une manifestation de soutien à Addis Abeba en juin 2018, une grenade fut lancée au premier ministre et de nombreuses tentatives d‘assassinats furent déjouées. Avec sa politique de paix, le premier ministre se fit également des ennemis.
Pays d’origine et de transit important
Les changements politiques rapides causèrent d’importants mouvements de migration dans et autour des frontières éthiopiennes. Selon le bureau de coordination de l’UE (OCHA), environ 3,2 millions de personnes furent déplacé.es dans le pays en avril 2019.
À cause des sécheresses dans les régions désertiques du Sud, des conflits ethniques et des conflits de frontières, il y a toujours eu des personnes déplacées internes (“Internally Displaced Persons”, IDPs). La plupart d’entre elles vivent dans des camps. Mais les chiffres augmentent régulièrement. En 2016, avant le changement de régime et la libéralisation, elles étaient alors environ 800.000. Des associations de défense des droits de l’homme rapportèrent des faits de déplacements violents des minorités ethniques sous l’ancien gouvernement. Cela se passa surtout au Sud du pays où de grands espaces ont été dédiés à l’agriculture et des barrages construits afin de favoriser la production alimentaire nécessaire pour le pays frappé par la famine.
Après l’échec d’un coup d’État dans la région Amhara en 2019 et l’insécurité qui a suivi dans les régions de l’Ouest, Gambella, et du Sud-Ouest, les régions Oromia, à côté de la frontière du Soudan du Sud, le gouvernement introduisit un programme de rapatriement forcé et aida, selon ses propres déclarations, environ 1,8 millions de personnes à revenir dans leurs régions d’origine entre mai et juillet. Néanmoins, des rapports s’accumulent au sujet des tensions dans ces régions et des conflits nationaux à cause des nombreux.ses rapatrié.es.
Jusqu’à présent, l’Éthiopie héberge le plus grand nombre de personnes réfugiées sur le continent à égalité avec l’Ouganda. Ce sont environ 900.000 personnes (en 2018) concernées, dont la plupart sont originaires des pays voisins ayant une relation conflictuelle avec l’Éthiopie comme l’Érythrée, la Somalie et le Soudan du Sud. Après le traité de paix avec l’Érythrée en été 2018, qui fut longtemps un ennemi de l’Éthiopie, et l’ouverture des frontières peu après, des dizaines de milliers d’Érythréens passèrent la frontière rapidement. Si rapidement que la plupart ne purent pas être enregistrées par les autorités locales ou l’UNHCR. De nombreuses personnes cherchèrent des parents et furent hébergées par leur réseau privé. Nombreuses sont les personnes qui abandonnèrent le pays directement. En septembre 2019, environ 146.000 Érythréen.nes furent enregistré.es, ce sont moins que les 174.000 Érythréen.nes qui séjournaient dans le pays en 2018. L’association érythréenne de défense des droits de l’homme et de la femme et des personnes réfugiées, Africa Monitors, ayant son siège en Ouganda estime que depuis l’ouverture des frontières érythréennes en septembre 2018, environ 250.000 Érythréen.nes se sont enfuient via l’Éthiopie vers l’Ouganda. Selon le vice-directeur d’Africa Monitors Zecarias Gerrima, il existe deux raisons à la fuite des personnes réfugiées : l’une est la fermeture des routes de migration via le Soudan vers l’Europe. Pour cette raison, les personnes réfugiées avancent vers le Sud et l’Ouganda. L’autre raison est la situation dans les camps en Éthiopie qui ont été submergés par les arrivées. Selon Gerrima, les personnes qui arrivent en Ouganda en ce moment sont divisibles en deux groupes : l’un regroupant les personnes venant de s’enfuir de l’Érythrée et décidant de ne pas chercher refuge en Ethiopie à cause des camps surpeuplés. Ils ont peur d’être expulsés rapidement, dit Gerimma. « L’autre groupe habite pendant une période plus longue en Éthiopie » explique-t-il. « Ils.elles avancent leur fuite parce qu’ils.elles ne font pas confiance à la situation récente de paix entre l’Éthiopie et l’Érythrée. » Afin d‘arrêter temporairement l’exode de l’Érythrée, les frontières vers l’Éthiopie ont été fermées en avril 2019.
Selon la loi, les réfugié.es doivent vivre dans l’un des 24 camps qui sont entretenus par l’office des réfugié.es (ARRA) ainsi que le commissariat des Nations Unies pour les réfugié.es (UNHCR). Les deux plus grands camps sont localisés dans le Sud du pays : le camp Nguenyyiel à Gembella accueille environ 74.000 réfugié.es provenant du Sud-Soudan, le camp Dollo Ado avec environ 145.000 réfugié.es souvent d’origine somalienne est situé près de la frontière somalienne. Dans le Nord, le camp Shire héberge plus de 100.000 réfugié.es près de la frontière érythréenne. En 2015, environ 7.000 réfugié.es seulement reçurent une autorisation spéciale pour s’installer dans des villes comme Addis Abeba, pour des raisons de sécurité ou de santé.
L’Éthiopie est un pays de transit pour les réfugié.es du Sud-Soudan, de la Somalie et de l’Érythrée mais aussi pour les migrant.es de travail africain.es sur leur chemin vers la péninsule arabique. Dans le même temps, le régime répressif a généré de plus en plus de réfugié.es : plus d’un million des environ 90 millions d’Éthiopien.nes chercha de la protection en exil. De nombreuses personnes voyagèrent vers le Sud, surtout vers le Kenya. Plusieur.es avancèrent jusqu’à la Tanzanie et même jusqu’en Afrique du Sud. Depuis récemment, ils.elles sont menacé.es d’emprisonnement à cause de l‘absence de permis de travail.
La plupart des migrant.es de travail, environ 80%, avance vers l’Est sur la péninsule arabique, surtout vers le Yémen et l’Arabie saoudite où les hommes venus d’Afrique travaillent sur les chantiers et les femmes sont recrutées comme nourrices. Le gouvernement éthiopien interdit tout recrutement de travail de l’espace arabique vers l’Éthiopie jusqu‘en 2013. Jusqu’à présent, on n‘a pu qu’estimer la dimension de la migration du travail de l’Éthiopie vers la péninsule arabique. Après la déclaration de l’Arabie saoudite en 2014 qui annonçait vouloir déporter les Éthiopien.nes, des analystes comptèrent environ 20.000 rapatrié.es, se souvient Bram Frouws du think tank régional RMMS, qui récolte les données de migration du golfe d’Aden de manière systématique. Environ 300.000 Éthiopien.nes furent expulsé.es entre mai 2017 et août 2019. Parmi eux.elles, environ 37% rapportèrent qu’ils.elles étaient alors au chômage en Arabie saoudite. La plupart des rapatrié.es rapportèrent des faits de maltraitance vécue en Arabie saoudite. Selon des ONGs, 95% des rapatrié.es ont besoin de soutien psychologique.
Les rapatrié.es éthiopien.nes, revenant du Yémen, un pays de transit et de destination pour de nombreux.ses Éthiopien.nes, se trouvent dans un état similaire. Après la déclaration de guerre au Yémen en 2015, le nombre de réfugié.es augmenta constamment, environ 85% d‘entre eux.elles sont Éthiopien.nes. Depuis la répression brutale des protestations dans la région Oromo en octobre 2016 et jusqu’à présent, l’augmentation du nombre des Oromo parmi les migrant.es éthiopien.nes est significative. En novembre 2016, 98% des Éthiopien.nes arrivant au Yémen étaient des Oromo. L’itinéraire en bateau via Djibouti et le golfe d’Aden est risqué : en juillet 2019, un bateau de réfugié.es chavira de nouveau dans le golfe d’Aden sur la voie vers le Yémen. Parmi les mort.es, on compte au moins 15 Éthiopien.es
A l’occasion de diverses initiatives de retours volontaires, l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) sauve les migrant.es coincé.es au Yémen à cause de guerre, la plupart d‘entre eux.elles sont éthiopien.nes. En 2016, l’OIM fit rentrer plus de 600 personnes à Djibouti, la plupart Éthiopien.nes. D’avril à juillet 2019 seulement, l’OIM organisa des vols sécuritaires de rapatriement pour Addis Abeba pour plus de 2.100 Ethiopien.nes du Yémen. La majorité des rapatrié.es avaient auparavant été emprisonné.es au Yémen. Au printemps 2019, le stade de la capitale yéménite Aden était entièrement occupé par des migrant.es, la plupart Éthiopien.nes. Même après les rapatriements , l’OIM estimait à 2.000 le nombre de réfugié.es encore dans le stade. En octobre 2016, plus d’un millier d’éthiopien.nes purent, à l’aide d’un gardien, s’échapper d’une prison au Sud du Yémen.
Les routes de fuite au-delà des frontières éthiopiennes deviennent de plus en plus dangereuses. La nouvelle du massacre de l'État islamique contre 30 migrant.es éthiopien.nes en Libye en 2015 s’est rapidement répandue. Les migrant.es et réfugieé.es avaient fui leur pays via le poste frontalier nord de Metema qui est un point de rassemblement pour les passeur.euses. En réponse à cette nouvelle, le gouvernement à Addis ferma le passage de frontière, environ 200 passeur.euses et trafiquant.es présumé.es furent arrêté.es. Les sondages du think tank RMMS sur les routes de migration montrent avec quelle « rapidité les passeur.euses et trafiquant.es réagissent aux changements des routes de migration et à quel point ils.elles sont bien équipé.es, souvent avec des téléphones satellites », dit Frouws. Depuis que les offices de frontières dans le pays de transit du Soudan commencèrent à renforcer la lutte contre les migrant.es à cause de leur coopération avec l’UE, les routes se déplacent de manière notable et les passeur.euses et trafiquant.es s’adaptent à la situation. De nombreux.ses passeur.euses, qui avant étaient basé.es à Khartoum et en Libye, se déplacèrent vers l’Éthiopie et l’Ouganda pour guider les réfugié.es érythréen.nes jusqu’à l’Ouganda d’où ils.elles sont transporté.es vers l’Amérique du Sud et l’Asie, en avion.
En 2018, environ 23.000 éthiopien.nes s’enfuirent de leur pays, la plupart dans les pays voisins.Peu parmi eux arrivent en Europe. Selon l’UE, en 2015 plus de 3.500 éthiopien.nes entrèrent irrégulièrement l’Europe. Cela signifie une hausse de 175% comparé à l’année précédente. Environ 6.000 demandèrent l’asile en 2015 dans les États membres de l’UE, environ la moitié fut accordée. L’UNHCR estime qu’environ la moitié des Somalien.nes et Érythrén.nes qui demandent l’asile en Europe seraient des Éthiopien.nes qui indiquent des fausses identités pour ne pas être expulsé.es. En Allemagne, précisément 1.116 Éthiopien.nes déposèrent une demande d’asile en 2018, avec un taux de reconnaissance du droit d’asile d’environ 16%.
Après le changement de gouvernement et l’introduction de réformes en Éthiopie, l’UE demanda aux États membres de tenir compte des changements politiques en Éthiopie dans leurs politiques en matière d’asile. Concrètement, il s’agit du fait que le nouveau gouvernement éthiopien du premier ministre Abiye a libéré des milliers de prisonnier.es politiques et supprima trois groupes oppositionnels de la liste de terroristes pour leur permettre de participer au processus démocratique. Dans le même temps, il a fait le ménage dans l’armée et le service de renseignements ce qui lui fit beaucoup d’ennemis. Des expert.es et des ONGs estiment que ces organes de sécurité, maintenant, persécutent les opposant.es libérés et que ces derniers cherchent un abri à l’étranger. Les États membres de l’UE devraient en tenir compte lors du traitement des demandes d’asile.
Jusqu’à présent, l’Éthiopie ne s’est pas montrée particulièrement coopérative en ce qui concerne le rapatriement des demandeur.es d’asile rejetés. Le document politique de l’UE concernant la négociation d’un accord de rapatriement de 2016 parle d’un taux de seulement 16%. Pour d’autres pays, ce sont 40%. En décembre 2017, l’UE et l’Ethiopie signèrent un accord de rapatriement de sollicitant.es d’asile refusé.es. Par la suite, le gouvernement envoya des professionnel.les du renseignement et des offices d’immigration vers l’Europe, dans les ambassades, pour vérifier l’identité de ceux.celles qui doivent être expulsé.es. « Il est prévu que les États membres premièrement transmettent les noms des Éthiopien.nes à identifier et que nous délivrions dans un second temps les documents de voyage, pour que le processus de rapatriement puisse être lancé », explique Teshome Toga, l’ambassadeur éthiopien à l’UE. Dans l’accord, il est de même défini que l’UE prendra en charge les frais du rapatriement ainsi que les programmes de réintégration.
Offensive de charme par l’UE
L’Éthiopie est, au côté du Nigeria, le pays partenaire le plus important concernant la régulation de la migration en Afrique. Déjà au sommet de la migration africaine-européenne à La Valette, capitale maltaise en novembre 2015, l’UE et l’Éthiopie signèrent l’accord pour la réalisation de l’agenda commun pour la migration et mobilité (CAMM). Le but déclaré était que l’UE aiderait à faire cesser la traite des humain.es et la migration illégale. De plus, des ressources d’aide devaient être investies dans la lutte contre les causes de la fuite.
Dans l’accord, l’UE prenait également l’engagement de soutenir les cellules de frontière éthiopiennes dans des programmes régionaux de formation, d’offrir une formation continue pour les autorités judiciaires pour la lutte contre la traite des humains et le trafic illicite de migrant.es, de soutenir le développement de l’enregistrement de données biométriques de passeports ainsi que de fournir des appareils pour le traçage de documents de voyage contrefaits. Selon le document politique de la commission de l’UE à propos de la négociation des accords de réadmission, la coopération est surtout importante dans ce secteur pour identifier les demandeur.euses d’asile, qui se présentent faussement comme Somalien.nes ou Érythréen.nes pour obtenir l’asile dans l’UE. Pour cela, selon le document, la coopération avec les autorités éthiopiennes est essentielle, elles seules peuvent clairement les identifier. Trois mois après, 57 personnes furent remises à Addis Abeba.
Par la suite, l‘accord prévoit une rencontre annuelle à Bruxelles ou à Addis Abeba pour évaluer les progrès dans le « dialogue de migration et mobilité ». L’Éthiopie s’engage à accélérer le processus de retour. Les organisations d’aide explicitement nommées dans l’accord sont Frontex, Europol ainsi que le Bureau européen d’appui en matière d’asile (EASO).
Puissance économique de la diaspora
D’autre part, l’UE veut répondre aux besoins de l’Éthiopie avec des facilitations d’obtention de visas et le développement du partenariat économique et améliorer la croissance économique du pays. Pour cela, un événement commercial pour doit avoir lieu à Bruxelles pour promouvoir les investissements. De plus, lors de sa visite à Bruxelles, le ministre des affaires étrangères éthiopien a explicitement demandé de rendre plus rentables les envois de fonds d’exilés éthiopiens d’autres pays européens. Le PIB éthiopien et les réserves de devises dépendent énormément de ce transfert d’argent aux familles restées au pays. Pour une efficience maximale, le gouvernement à Addis annonça en 2013 la politique dite de la diaspora qui encourage les Éthiopien.nes en exil à investir de la monnaie étrangère dans leur patrie.
En 2015, l’Éthiopie signa suite au dialogue avec l’UE pour le développement de la migration, l’accord dit Cotonou. Avec celui-ci, des mesures doivent être prises pour la lutte contre la traite des humains et le trafic de migrant.es. L’Éthiopie est un des principaux bénéficiaires du fonds fiduciaire d’urgence pour l’Afrique (EUTF). Déjà en 2015 au sommet à La Valette, des mesures ciblées contre le trafic de migrant.es ont été décidées. 253 millions d’euros ont été débloqués dans ce but. En avril 2016, 117 millions d’euros furent engagés pour soutenir les réfugié.es, déplacé.es internes et leurs communautés d’accueil. L’Éthiopie a reçu 30 millions d’euros de cet engagement.
En juillet 2016, l’UE et l’Éthiopie signèrent deux autres accords financés par le fonds fiduciaire européen. L’Agence italienne pour le développement est responsable de la réalisation effective des projets. Environ 20 millions d’euros doivent être investis dans les écoles professionnelles et les programmes de formation pour adolescent.es et femmes, surtout dans les régions du pays qui sont très affectées par la migration irrégulière. Le but est de réduire l’exode des jeunes. 47 autres millions d’euros seront injectés pour combattre les causes de fuite dans cinq régions habitées par des minorités ethniques négligées. Il s’agit ici surtout de la formation professionnelle et de l’amélioration des services publics scolaires et de santé ainsi que la sécurité alimentaire. Le plan d’action européen suppose que les jeunes migrent ou émigrent moins s’ils.elles trouvent de meilleures conditions de vie localement. Dans les accords, il a été par contre omis que la politique répressive de l’ancien gouvernement central envers les minorités et le bradage du sol aux investisseur.ses étranger.ères, par exemple à l’Arabie saoudite, avait créé elle-même les causes de fuite.
Un point essentiel de l’engagement humanitaire de l’UE concerne la problématique de la sécurité alimentaire. L’Éthiopie est régulièrement exposée aux sécheresses. Dans les années 1980 déjà, l’UE accueillit des centaines de milliers d’Éthiopien.nes qui étaient près de mourir de faim. Les périodes de sécheresse annoncées pour les prochaines années dans la Corne de l’Afrique peuvent provoquer de nouveaux déplacements et mouvements de migration, pas seulement parmi les Éthiopien.nes mais aussi parmi les réfugié.es dans les camps, qui sont nourris par l’aide internationale. L’UE investit 51 millions d’euros dans l’alimentation et les mesures de prévention contre les famines.
La lutte contre le trafic de migrant.es
Dans le cadre du processus de Khartoum, il revient à l’Éthiopie proportionnellement un montant de 45 millions d’euros du fonds fiduciaire pour l’Afrique sous l‘intitulé de « Meilleure gestion de la Migration » (Better Migration Management, BMM). La Société Allemande pour la coopération internationale (GIZ) a loué de nouveaux bureaux à Addis et continue de développer son travail. Le but est de donner aux autorités judiciaires de l’Éthiopie une capacité à lutter contre les trafiquant.es d’êtres humains. Des programmes de formation régionaux pour les autorités frontalières sont développés pour créer une patrouille de frontière commune entre les pays voisins et pour renforcer la coopération.
L’Éthiopie est l’un des premiers pays qui, en 2012, implanta une autorité contre le trafic de personnes : le Conseil national contre le trafic de personnes (NCHF). Celui-ci résulte d’un groupe de travail qui déjà en 1993 avait été fondé pour lutter contre l’exode massif pour l’Afrique du Sud après la défaite de l’Érythrée dans la guerre d’indépendance. Le premier ministre actuel Desalegn a été président du NCHF, aujourd’hui il est dirigé par le vice-premier ministre Demeke Mekonnen. Dans le conseil d’administration on trouve des représentant.es du gouvernement central aussi bien que des représentant.es locaux et du service de renseignements ainsi que des représentant.es de ministères et d’organisations de jeunesse diverses.
En 2015, une loi pour la prévention de l’oppression et de la traite humaine et du trafic d’êtres humains a été adoptée, elle prévoit des peines jusqu’à 25 ans d’emprisonnement, aussi bien pour les associé.es de trafiquant.es que contrefacteur.ses de documents. En cas de crime sérieux,, dans lequel le.la trafiquant.e a été impliqué volontairement dans la mort de migrant.es, la peine de mort peut être envisagée.
L’autorité NCHF s’engage, entre autres, dans des campagnes d’information dans les endroits habités par beaucoup de migrant.es. Elle obtient de plus en plus d’informations sur la population et sur les réfugié.es eux.elles-mêmes et a enregistré plusieurs succès dans les années passées. Le NCHF a enregistré plus de 200 arrestations en 2015, selon un rapport du Sanah (l’institut régional de la recherche, situé au Kenya). Selon le rapport, les agent.s éthiopien.nes du NCHF ont collaboré avec les autorités de frontière soudaniennes et kényanes dans des enquêtes à propos de réseaux de trafiquant.es qui pratiquent le trafic illicite de migrant.es pour l’Afrique du Sud.